Ciao l'artiste
Il avait une allure filiforme, une discrétion innée, une grâce lunaire. Il fut, avec Television et en solo, une étoile mineure et marqua, pourtant, le rock de son empreinte électrisante indélébile. L’anti-héros de la guitare est mort.
Thomas Miller alias Tom Verlaine
Début 1970, Thomas Miller, jeune homme du Delaware, se fait la belle à New York et choisit une vie de musique et de poésie. Il adopte alors un nom, celui de Tom Verlaine, en hommage au poète français Paul Verlaine dont il essaiera d’insuffler le lyrisme dans ses textes. Avec l’un de ses comparses, il fonde les Neon Boys puis Television.
Friction et fulgurance électrique, l’accord parfait
Deux albums et Television entre dans la légende du rock. Il n’en faut, parfois, pas beaucoup plus. Avec Marquee Moon (1977), d’un coup, d’un seul, le groupe éclabousse les critères énoncés du punk de la fin des années 1970. L’étiquette du punk était dépinglée : son aiguisé et vif, acéré mais pas strident. Ode à deux guitares, assise rock et voix serrée, asphyxiée de Verlaine. Television et son meneur enlevé font de Marquee Moon une expérience excitante.
Prenez le riff pressant de « Marquee Moon » et vous serez en trans, écoutez le riff endiablé de « See no Evil » et l’enfer vous damnera, emportez-vous par le riff élégiaque d’« Elevation » et la mélancolie vous gagnera, illuminez-vous avec le riff éclatant de « Guilding Light » et… succombez au au riff lancinant de Torn Curtain.
Dans la continuité étoffée de Television
Après la déflagration de Television, Tom Verlaine continue d’inventer un nouveau son, aux longs développements à la guitare. Il devient, chemin faisant, et discrètement, le guitariste de la scène new-yorkaise le plus inventif dont beaucoup s’inspirèrent par la suite : Sonic Youth, The Strokes et Jeff Buckley.
En solo, il sort une dizaine d’albums tout en collaborant avec nombre d’artistes de la scène émergente tels David Bowie et Patti Smith, qu’il rencontre dès son arrivée à New York et qui voue, elle, une admiration pour Rimbaud, son compagnon poétique.
Le céleste Tom Verlaine est parti. Mais, il est toujours temps d’écouter sa musique tellurique -tantôt gracieuse, tantôt raide-.
Whitout a word...Tom Verlaine.
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