Après Nothing to hide, Marc Meillassoux revient avec un deuxième documentaire sur la vie privée.

Entre la publicité ciblée, les trackers ou les tentatives d’hameçonnage, la vie en ligne est loin d'être un fleuve tranquille. Chacun de nos faits et gestes est épié, analysé, classé en catégories ou en profils de consommateurs. Nos données personnelles sont devenues le carburant du modèle économique de la gratuité sur le web. Ce n'est pas une nouveauté mais ce n'est pas non plus une fatalité. C'est ce qu'a tenté de montrer Marc Meillassoux dans son nouveau documentaire Disparaître - Sous les radars des algorithmes actuellement disponible sur Arte. Son film est un mode d'emploi pour nous aider à comprendre comment nos données sont collectées et quels outils on peut utiliser pour les protéger.

On fournit le bois, on allume le feu mais on ne profite pas de la chaleur.

Un des atours du documentaire est d'éviter le discours anxiogène et de proposer des solutions adaptées à chacun d'entre nous selon le modèle de menace auquel on est confronté. Si chaque activité en ligne se traduit par des traces que nous laissons, les conséquences sont différentes selon si on est lanceur d'alerte, militants pour les libertés à Hong-Kong ou simple adolescent qui utilise les réseaux sociaux. Mais parmi ces différentes situations, il y a toutefois un dénominateur commun : oon est tous d'une manière ou d'une autre exposée en ligne à une forme de surveillance : les autorités, les régies publicitaires, les stalkers, un mari jaloux, un patron...

Un mode d'emploi simple

A travers le documentaire, plusieurs spécialistes en cybersécurité interviennent pour apporter des explications ou expliquer des protocoles qui permettent de protéger notre vie privée. Le premier geste consiste à éviter d'utiliser les outils des GAFAM le plus possible et de façon progressive. En effet, avant de réussir à se dé-googliser complètement, des gestes simples du quotidien permettent de reprendre le contrôle sur nos données comme le fait de compartimenter nos usages et ne pas mettre tout nos oeufs dans le même data center. A ce titre, pour naviguer sur le web on peut utiliser un navigateur respectueux de la vie privée comme Firefox ou Tor Browser plutôt que Google Chrome ou Microsoft Edge. De la même façon, on peut choisir son moteur de recherche qui n'utilise pas nos requêtes pour nous adresser de la publicité ciblée. Nous vous invitons à lire cet article du site Serveur410 qui propose une comparaison de moteurs de recherche orientés vie privée.

En fonction du modèle de menace auquel on est exposé (de qui dois-je me protéger ? Quelles données je veux protéger ? A quelles données mon adversaire peut-il déjà accéder et par quel moyen ?...), l'utilisation d'un moteur de recherche respectueux de la vie privée ne sera probablement pas suffisant. Des journalistes spécialisés dans l'investigation et l'analyse de documents confidentiels conseillent d'utiliser des outils qui vont apporter un degré supplémentaire de confidentialité ou de protection grâce à des protocoles de chiffrement.

L'effet de réseau et les GAFAM

Une des difficultés à abandonner les outils des GAFAM est l'emprise qu'ils ont sur nos vie, notre quotidien et nos rapports sociaux. Si nos amis ou notre famille sont présents sur Facebook, cela peut être difficile de supprimer son compte ou d'inviter ses proches à utiliser des alternatives moins intrusives. Dans le documentaire, on suit un collectif d'artistes Berlinois qui s'organise pour abandonner Facebook events au profit d'un outil libre et décentralisé qui permet d'organiser des événements comme des concerts. Cet outil s'appelle Mobilizon et été développé par l'association Framasoft qui oeuvre pour la promotion des logiciels libres.

Le logiciel libre et le fediverse

En regardant le documentaire, on mesure que notre salut collectif passe par le recours aux logiciels libre et open source et au fediverse. Les logiciels libres sont transparents. On peut accéder au code source et auditer le fonctionnement du logiciel. A l'inverse les logiciels dit propriétaires sont fermés. Nous n'avons pas accès à la recette et ne pouvons pas savoir comment ils fonctionnent, si des choses sont dissimulées ou pas. L'autre élément majeur qui est indispensable pour sortir de la domination des GAFAM est le fediverse à l'image du réseau social Mastodon (alternative à Twitter) ou de la plateforme de vidéo PeerTube (alternative à YouTube). L'intérêt de ce protocole est qu'il permet une décentralisation des services et une liberté des utilisateurs. Si on reprend l'exemple de Mastodon, c'est un logiciel de microbloggin que tout le monde peut installer sur un serveur (on parle alors d'instance) et accueillir d'autres utilisateurs. Les utilisateurs des différentes instances existantes de Mastodon (mamot.fr, framapiaf.org, mastodon.etalab.gouv.fr...) peuvent communiquer et échanger entre eux. Pour prendre un exemple plus parlant, c'est un peu comme pour les courriers électroniques. Si vous avez une adresse email @gmail.com vous pouvez tout à fait envoyer ou recevoir un mail de quelqu'un qui a une adresse @protonmail.com ou @tutanota.com. En revanche, si vous avez un compte Facebook, vous ne pouvez pas envoyer un message sur Twitter parce que ces deux services centralisés ne s'appuient sur le protocole du fediverse

Nous vous recommandons vivement ce documentaire à voir et revoir sans modération.Et bien entendu, si vous avez besoin d'accompagnement pour reprendre le contrôle sur vos données personnelles, n'hésitez pas à venir nous voir !

 

Pour aller plus loin :