La dernière bastille à prendre pour les musiciennes ?

 

cheffe

 

 

 

 

 

 

 


J
ane Evrard, à Paris en 1930


 « Je n’aime pas quand les femmes dirigent, de même que je n’aime pas les boxeuses et les femmes haltérophiles. Chacun ses goûts. C’est comme le poisson, je n’aime pas ça non plus. » Yuri Termikanov[i]

 Il y a quelques années nous faisions un petit état des lieux sur la situation des femmes en tant que "compositeurs". Aujourd’hui nous voulions parler des femmes dans la fonction de direction d’orchestre. Si les compositrices, surtout depuis la deuxième moitié du XXe siècle, commencent à être plus largement reconnues pour leur talent, il en va encore fort différemment pour les cheffes d’orchestre. Rares sont celles qui peuvent aujourd’hui accéder au pupitre d’orchestres de renom. Dans la première moitié du siècle dernier, on pourrait presque les compter sur les doigts d’une main. Quelques noms célèbres tout de même : Ethel Smyth, Nadia Boulanger, Jane Evrard, Augusta Holmès.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, les choses commencent à évoluer quelque peu. La figure de la Suissesse Hedy Salquin, élève de Louis Fourestier au Conservatoire de Paris où elle remporta le Premier prix de direction d’orchestre avec distinction, eut une portée remarquable. Ceci étant, ce sont souvent des femmes de formation instrumentale ou vocale soliste qui prirent ensuite le chemin de la direction d’ensembles. Notons notamment Chiara Banchini (violoniste) qui créa en 1981 l’Ensemble 415, Laurence Equilbey (chanteuse et multi-instrumentiste) qui fut à l’origine de plusieurs formations dont Accentus en 1991 et Insula Orchestra en 2012, Katarina Livljanić (chant) qui fonda en 1997 Dialogos, Emmanuelle Haïm (claveciniste) qui forma en 2000 le Concert D’Astrée ou encore Christina Pluhar et l’Arpeggiata en 2000, etc.

Il y a aussi des femmes, surtout depuis le début de ce siècle, qui prennent la direction d’orchestre suite à une formation spécifique en la matière. Il y a eu bien sûr les précédents que nous avons déjà évoqués et auxquels on peut ajouter les noms de Sylvia Caduff, Claire Gibault ou bien Susanna Mälkki. Mais les choses semblent s’accélérer désormais. Citons, entre autres, Zahia Ziouani, Hélène Bouchez, Kanako Abe, Alondra de la Parra… Ce qui est peut-être caractéristique de notre époque est le fait qu’il y ait une volonté manifeste d’organiser les choses pour que les femmes se fassent connaître et reconnaître dans ce métier. La preuve en est le concours Maestra, fruit de l’association de la Philharmonie de Paris et du Paris Mozart Orchestra, et dont la première édition s’est tenue en septembre 2020. Ainsi on lit sur la page de présentation du concours sur le site internet officiel :

" Avec le Concours International de Cheffes d’Orchestre, la volonté du Paris Mozart Orchestra et de la Philharmonie de Paris est triple : susciter des vocations, fédérer le monde musical international autour d’engagements précis en faveur des cheffes d’orchestre, et offrir aux plus jeunes d’entre elles un soutien dont elles n’ont souvent pas pleinement bénéficié au cours de leur cursus de formation. "

 Vous pourrez trouver les vidéos intégrales de cette première édition gratuitement sur Eurêka par le biais de votre inscription à la Médiathèque. En voici une courte présentation sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=FgjdgYwO8jE

Voici le site officiel du concours et de l’académie La Maestra : https://lamaestra-paris.com/

En conclusion, s’il reste des bastilles à prendre, les choses sont en bonne voie et ce n’est qu’un début. Bravo maestre !

Voici quelques articles à lire sur le sujet :

 Et une sélection de documents disponibles à la médiathèque : 

 

[i] Télérama du 13/08/21 : « Mezzo met les cheffes d’orchestres sur le podium », Louis-Julien Nicolaou.

 

 

Photo by //unsplash.com/@gwundrig?utm_source=unsplash&utm_medium=referral&;utm_content=creditCopyText">Manuel Nägeli on Unsplash