Fake news partout, information nulle part

Du 24 au 31 octobre dernier avait lieu la semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information. Chaque année l'Unesco met en lumière l'éducation aux médias et à l'information. En 2022, la thématique portait sur la confiance que la population accorde ou non aux médias avec le titre "Favoriser la confiance : un impératif de l'Éducation aux médias et à l'information." L'objectif de l'Unesco est de soutenir :

le développement de l'Éducation aux médias et à l'information pour tous afin de permettre aux individus de penser de manière critique et de cliquer à bon escient. L'Organisation s'efforce de renforcer les capacités des décideurs politiques, des éducateurs, des professionnels de l'information et des médias, des organisations de jeunesse et des populations défavorisées dans ce domaine, en aidant les États membres à formuler des politiques et des stratégies nationales d'Éducation aux médias et à l'information.

La place qu'occupent aujourd'hui les médias sociaux dans notre quotidien est devenue un terreau propice à la désinformation. L'actualité politique, géopolitique, sanitaire ou scientifique est systématiquement polluée de fausses informations. Les raisons de la circulation de ces infox sont multiples : influencer le sort d'une élection (l'affaire Cambridge Analytica et les élections américaines de 2016), manipuler l'opinion pour obtenir une légitimité (la propagande russe et la guerre en Ukraine), influence médiatique (les antivaccins et le Covid). A l'heure où 41% de la population déclare s'informer via les réseaux sociaux, le risque de voir passer dans son fil d'actualité voire de partager une fake news est très fort.Or, les plateformes comme Facebook, Twitter ou YouTube sont des caisses de résonance qui amplifient la propagation des ces fausses informations. Malgré leurs déclarations, les politiques de modération sont absolument insuffisantes. Les équipes chargées de contrôler les publications complotistes ne disposent pas des ressources suffisantes pour pouvoir mener un véritable travail de modération efficace. Pire encore, ces plateformes sont conçues pour capter l'attention des utilisateurs et les retenir captifs afin de monétiser l'audience. Pour y parvenir, les médias sociaux reposent sur des algorithmes qui visent à garder les utilisateurs les plus actifs sur les plateformes. Cela se traduit notamment par la circulation de publications complotistes ou des infox qui ont le pouvoir de susciter de l'engagement (en y adhérent ou au contraire en s'y opposant) et donc accroître l'audience sur la plateforme. Avant de s'aventurer à liker un post ou de partager une publication, il est indispensable d'adopter les bons gestes et d'acquérir les compétences de base d'une éducation aux médias et à l'information.

Comment déjouer une fake news : rappel des gestes à adopter !

  • La source : qui parle ? Le journal FranceSoir qui a pignon sur rue est devenu un repère de complotistes. Pendant la crise sanitaire, il a été le relais de multiples infox.
  • Date : de quand date l'information ? Les progrès scientifiques et techniques font évoluer les connaissances.
  • Qui parle : peut-on retrouver l'auteur-rice ? Des scientifiques du GIEC ou des scientifiques dont les travaux ont été financés par des entreprises qui exploitent des énergies non renouvelables ?
  • L’info a-t-elle été reprise ailleurs : s’il n’y a qu’une source, quelle confiance puis-je accorder à cette info ?
  • Les propagateurs de fake news comptent sur l’émotion qu’elles suscitent chez l’individu pour la rendre virale. Avant de réagir avec mes émotions et de participer à la propagation d’une infox, je prends du recul et le temps d’observer l’image ou la vidéo pour détecter des incohérences, vérifier si cela n’a pas déjà été publié par le passé…

L’autodéfense numérique appliquée aux fake news

Adopter les quelques gestes cités précédemment ne sont pas la garantie infaillible de passer à travers le piège des fake news, nous vous recommandons une sélection de contenus ou de ressources disponibles en ligne pour parfaire votre éducation aux médias et à l'information.

L'Agence France Presse (AFP) est très engagée dans la lutte contre les fake news et mène un grand travail de débunkage à travers son compte Twitter AFP factuel pour déconstruire les infox qui circulent en ligne. Elle propose également des vidéos pour se former à l'investigation et être capable de réaliser un travail digne d'un journaliste avec des outils et des méthodes accessibles à tous-tes.

Si vous souhaitez aller plus, l'AFP propose également un cours en ligne gratuit pour se former aux méthodes de l'investigation numérique. Si vous vous sentez l'âme d'un-e journaliste, cette ressource est faite pour vous !

Si votre soif d'éducation aux médias et l'information n'est pas étanchée, nous vous suggérons également ces ressources à écouter ou voir.

A voir sur Eurêka, Les médias, le monde et moi : Fake News, infobésité, rejets des médias, défiance à l'égard des journalistes, etc. La presse a du plomb dans l'aile, et le public semble en avoir ras le bol des informations déversées du matin au soir sur les ondes. Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? Est-il possible de renouveler le métier journalistique ? D'adopter une autre posture entre producteur et consommateur d'info ? À travers cette enquête, la réalisatrice, elle-même journaliste, partage son expérience, ses questionnements, et investigue les effets de la fabrique de l’information sur notre conception du monde. Dans un périple qui nous mène du Danemark aux états-Unis, en passant par la France et le Royaume-Uni, cette introspection s'enrichit de nombreux échanges. L'enthousiasme de nos interlocuteurs et les exemples mis en avant prouvent que ça marche : n'est-il pas temps, dans la profession, et avec le public, d'envisager de nouveaux chemins de faire ?

 

 
Un podcast de France Inter à réécouter : Comment lutter contre les fake news et le complotisme ? Ali Rebeihi propose dans cette émission de lutter contre les fake news, les infos que ceux qui font du mal à notre bien-être collectif, à notre démocratie, à nos valeurs communes. Les fake news, qui connaissent un essor sans précédent avec l'avènement d'Internet, Défèquent News, qui donne corps aux théories du complot les plus folles, les plus absurdes, les plus délétères de la théorie du grand remplacement à la 5G dans les vaccins contre le vide. Ensemble, les invités de l'émission vont répondre à nos questions sur l'information, mais aussi la désinformation.
 

Enfin, notre dernière recommandation est un jeu pour comprendre les mécaniques qui se mettent place sur les réseaux sociaux qui participent à la propagation de fake news. Vous comprendrez comment l’interaction régulière avec des comptes ou des contenus complotistes impactent les algorithmes des médias sociaux qui vont nous afficher plus en plus de contenus complotistes pour nous inciter à rester plus longtemps sur la plateforme. C’est ainsi que se crée une bulle de filtre informationnelle.