Soirée littéraire du 23 novembre à 19h

Dans le cadre de la Quinzaine de la Solidarité Internationale, la médiathèque accueille Négar Djavadi et Djaïli Amadou Amal, deux auteures qui défendent le droit des femmes à s'émanciper du poids des contraintes patriarcales, et familiales pour choisir leur propre voie.

Négar Djavadi

Née dans une langue, j’ai dû me transposer dans une autre, non sans difficulté, car le français enseigné à Téhéran était basique. L’image et le cinéma sont alors venus à ma rescousse. Quel que soit le type d’écriture, scénario ou roman, tout commence chez moi par une image, Le Monde des Livres, vendredi 9 octobre 2020.

Négar Djavadi, écrivaine, scénariste et réalisatrice française d’origine iranienne, se consacre au cinéma après l’obtention d’un diplôme à l’Institut National Supérieur des Arts du Spectacle et des Techniques de Diffusion (INSAS) à Bruxelles. Elle réalise quatre courts métrages, scénarise des films pour le cinéma et la télévision, et enseigne en études cinématographiques à l’Université Paris 8 de 1996 à 2000.

Elle entre dans le champ littéraire en avec la publication fin août 2016 de son premier roman, Désorientale, qui remportera en 2016 les Prix de l’Autre Monde et Prix du Style, puis en 2017 les prix Emmanuel Roblès, Prix Première, Prix Littéraire de la Porte Dorée et Prix du Roman News. Le roman est sélectionné pour le National Book Award en 2018 dans la catégorie traduction.
Le roman fait le récit du devenir d’une famille iranienne sur trois générations exilée en France, et interroge le processus d’intégration tout en plaidant pour l’engagement dans la lutte pour les droits des minorités.

Négar Djavadi publie un second roman en 2020, Arène, qui met en scène dans un 10ème arrondissement parisien urbain les tensions sociales et politiques, et l’influence de la multiplication des informations, empruntant au roman noir dans son intrigue complexe et maîtrisée.

Désorientale, Editions Liana Levi, 2016 :
Sous la forme d’un monologue ponctué d’adresses au lecteur, Négar Djavadi dresse le portrait d’une femme en quête d’identité dans un récit qui entrecroise une ample fresque familiale sur trois générations et le récit intime de Kimia, engagée dans un protocole d’insémination artificielle. Désorientale déconstruit les clichés sur l’histoire de l’Iran ces cinquante dernières années, et déploie une critique de l’expérience de l’exil et de l’immigration en France, où intégration devient synonyme de « désorientalisation ». Ce roman soutenu par une grande force narrative emporte par la richesse de ses thèmes et la justesse de son regard critique sur la société française.

Arène, Editions Liana Lévi, 2022 :
Benjamin Grossman est devenu un homme très en vue et courtisé, lui qui a grandi dans le quartier de Belleville compte aujourd’hui parmi les dirigeants de BeCurrent, plateforme de diffusion de séries comptant des millions d’abonnés. Suite au vol de son téléphone portable et son altercation avec un jeune homme dans le quartier de Belleville, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux et la découverte du corps du jeune homme vont bouleverser l’équilibre précaire de la vie de Benjamin.
Arène emprunte au roman noir ses ingrédients comme le crime, l’enquête policière, et la mise en relief du contexte social et politique. L’intrigue déploie un quartier qui s’embrase et de nombreux personnages, jeunes habitants des cités, policiers,réfugiés, travailleurs précaires, activistes et prédicateurs médiatiques.

Négar Djavadi utilise les outils du scénario, l’ellipse, les flash-backs, pour livrer dans ce beau roman une critique de la société des écrans, celle des réseaux sociaux déversoirs de haine autant qu’outil de vanité.

Djaïli Amadou Amal

Djaïli Amadou Amal, femme de lettres d’expression française et militante féministe camerounaise est l’auteure de deux romans publiés en France par les éditions Emmanuelle Collas.

Mariée dans le cadre d’un mariage forcé à 17 ans, Djaïli Amadou Amal réussit à se séparer en 1998. Suite à une seconde séparation d’une relation violente, elle utilise son BTS en gestion pour trouver un travail et s’installer à Yaoundé, et commence à écrire. Ses romans Walaande, l’art de partager un mari (2010) et Mistiriijo, la mangeuse d’âmes (2013) sont publiés aux Editions Ifrikiya à Yaounde lui valent un succès public au Cameroun et une invitation au Salon du Livre de Paris en 2012.

Elle publie Munyal, les larmes de la patience en septembre 2017 aux éditions Proximité à Yaoundé, qui est lauréat des Prix de la Presse Panafricaine et Prix Orange du livre en Afrique en 2019. Ce roman conforte la renommée de l’auteure, un hommage national lui est rendu par le Premier Ministre au nom du Chef de l’Etat Camerounais en 2019. En 2020, son roman Les Impatientes, publié par Emmanuelle Collas, lui fait accéder à la finale du Prix Goncourt. Elle obtient le Prix Goncourt des Lycéens cette même année.

Elle publie chez Emmanuelle Collas son roman Cœur du Sahel en 2022. Son engagement prend forme à travers l’Association Femmes du Sahel, soutenue par des entreprises camerounaises et les ambassades de France et des Etats-Unis, qui soutient l’éducation des filles au Cameroun. Ses romans, couronnés de succès et de nombreuses distinctions, interrogent le traitement réservé aux femmes en Afrique Subsaharienne, et dénoncent les oppressions dont elles sont victimes, comme le mariage forcé et le viol.

Walaande, l’art de partager un mari, Editions Ifrikiya, 2010 :
Roman centré sur la tradition de la polygamie, Walaande, l’art de partager un mari met en récit quatre femmes vivant dans la même concession et attendant d’occuper leur place auprès de leur époux. Le roman est inscrit au programme scolaire camerounais dans les établissements secondaires section anglophone.

Mistiriijo, la mangeuse d’âmes, Editions Ifrikiya, 2013 :
Aissatou Dona, une vieille femme de l’ethnie peule est injustement accusée d'être une Mistriijo, une sorcière à l'origine de la maladie d'un garçon à qui elle a mangé l'âme selon ses accusateurs. Dans cette partie de l'Afrique cette inculpation est la pire abomination qui puisse lui arriver. Tous les gens qu’elle estimait depuis son arrivée au village de Mbamaré Maroua la lâchèrent systématiquement et entreprirent de lui infliger un rituel pour soi-disant « recracher l’enfant », une sorte d’ordalie version africaine. Ce roman aborde le sort réservé aux femmes et les mutilations qu’elles subissent dans les communautés Peuls, ainsi que les préjugés sur les mariages interraciaux.

Munyal, les larmes de la patience, Editions Proximité, 2017 :
A travers les destins de trois femmes, Ramla, Hindou et Safira, Djaili Amadou Amal aborde les mariages forcés, les violences conjugales et la polygamie et brise les tabous sur la condition des femmes dans le Sahel.

Les Impatientes, Editions Emmanuelle Collas, 2020 :
A la demande d’Emmanuelle Collas, Djaïli Amadou Amal retravaille Munyal, les larmes de la patience “pour qu’il devienne universel”. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Le roman est finaliste du Prix Goncourt 2020 et obtient le Prix Goncourt des Lycéens 2020.

Cœur de Sahel, Edition Emmanuelle Collas, 2022 :
Dans l’extrême nord du Cameroun, où sévissent le changement climatique et les attaques de Boko Haram, Faydé, quinze ans, décide de rejoindre Srafata et Bintou, qui ont elles aussi été contraintes à la vie citadine en devenant domestiques à Maroua. Alors qu’elles sont écrasées par les préjugés sociaux et leurs responsabilités vis-à-vis de leurs familles et qu’elles subissent viol, mauvais traitements et mépris de classe, les jeunes filles se battent pour survivre et pour se construire un avenir.

 

En partenariat avec les librairies Mot à mot, la Flibuste et la Ligue des Droits de l'Homme.
Mercredi 23 novembre à 19h - entrée libre et gratuite

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Amadou Amal @ Francesco Gattoni - NegarDjavadi©PhilippeMatsas