26 mai, fête de l’estampe
Dès son origine, l’estampe mène un pas de deux : par sa technique, sa multiplicité originelle -et originale- intrinsèque, par son histoire étroitement liée à celle de l’imprimerie, par sa place dans les arts, aussi.
Apparition et usages de l’estampe
Son apparition en Europe à la fin du Moyen-Age (dès le Ve siècle en Orient) a permis de produire des images en série et de les diffuser à grande échelle.
Mises à profit, dans un premier temps, pour des images pieuses ou politiques, puis commerciales à partir du XIXe siècle, les techniques de l’estampe ont été largement exploitées, en parallèle, par les artistes.
Un médium subversif pour les artistes d’hier
Dans l’essaimage des images créées, les artistes ont, ainsi, développé leur potentiel artistique et… subversif. Aussi, dès son apparition en Europe, l’estampe est perçue par les artistes comme un médium leur octroyant une liberté de ton, une indépendance que ne leur permettaient pas les commandes.
Des artistes comme Lucas Cranach l’Ancien, Albrecht Dürer, Matthias Grünewald, Hans Holbein le Jeune s’érigent en acteurs révolutionnaires aux côtés des forces opprimées. Par la suite, des artistes comme Jacques Callot ou Francisco de Goya s’emparent davantage encore de la force politique de cet art pour dévoiler les victimes d’oppression. Ces derniers diffusaient alors des œuvres qui ne convenaient ni au pouvoir ecclésiastique ni au pouvoir politique.
Une histoire en dents de scie
L’estampe a tenu dans l’évolution des arts en Europe de la fin du Moyen-Age au milieu du XIXe siècle une place considérable : une épopée historique, artistique et plastique.
Puis, cette place a décliné. La gravure connut alors un bien triste sort pour une pratique artistique à laquelle échut jadis la mission de diffuser l’art : un retrait, à la fois dans son usage et dans son étude -en France, en tout cas-. Une traversée du désert donc puisqu’elle semblait, dans l’historiographie de l’art français, ne pas être étudiée pour elle-même mais comme un outil de documentation.
Au milieu du XXe siècle, certains maîtres ont donné à certaines techniques de gravure leurs lettres de noblesse. Exemple : Henri Matisse avec la linogravure ou Pierre Combet-Descombes avec le monotype. Entre les années 1970 et 1990, ce sont la lithographie et la sérigraphie -Andy Warhol- qui avaient la cote.
Depuis plusieurs années, la gravure connaît un renouveau ; de prime abord, chez les jeunes plasticiens pour qui elle est appréciée pour son travail de la matière ; aussi, eu égard le goût actuel pour les arts graphiques.
Répertoire des techniques
Il faut distinguer la gravure en relief (ou taille d’épargne) et la gravure en creux (taille-douce). La gravure en relief, c’est ce qui reste de la surface après tailles et incisions, qui sera encré et, enfin, imprimé. La gravure en creux, quant à elle, se caractérise par les blessures gravées et encrées dans la plaque, que le papier viendra absorber.
Pour la première catégorie, citons le bois gravé (gravure sur bois ou xylographie), le plus ancien procédé de l’estampe, la linogravure ou la typographie.
Pour la seconde, mentionnons la pointe-sèche, l’eau-forte, la manière noire (mezzotinte), l’aquatinte ou l’héliogravure, imaginée par Nicéphore Niépce puis mise au point et perfectionnée par d’autres.
A la découverte d'artistes-graveur.e.s
A la découverte d’artistes-graveur.e.s
- Henri Landier, maître-graveur de Montmartre :
- Hector Saunier, la ligne gravée audacieuse et colorée :
https://www.mchampetier.com/biographie-Hector-Saunier.html
- María Chillón, « la gravure n’est pas cachée, elle est silencieuse » :
- Yann Kebbi, gravures et monotypes, entre le joyeux et le mystérieux :
- Nathalie van de Walle, le bois comme adversaire ; la structure comme imaginaire ; la ligne tragique :
https://nathalievandewalle.be/gravure/
- Simon Outers, regard corrosif, sens de l’absurde et joyeuseté
https://simonouters.be/gravures/
- Thierry Mortiaux, morceaux rabelaisiens :
- Mike Rouault, à brûle-pourpoint, face à nos émotions, nos peurs et nos désirs :
Expositions d’estampes en cours
- « Hiroshige et l’éventail » : Musée Guimet, du 15 février au 29 mai 2023
- « Degas en noir et blanc » : BnF Site Richelieu, du 31 mai au 3 septembre 2023
- « Graver la lumière », Musée Marmottan Monet, du 5 juillet au 17 septembre 2023